Deux ans après l’excellent « Skinty fia », Fontaines DC est de retour avec son nouvel album « Romance ».

Dans ce nouvel opus, les guitares rugueuses se font plus rares, on est loin de la fureur postpunk de « Dogrel » et des titres comme « Big », « Hurricane laughter » et autres « Boys in the better land ». Les cinq de Dublin ont pris une nouvelle dimension. Changement de label, XL et de producteur, James Ford (Gorillaz, Arctic Monkeys, Depeche Mode, Last Shadow Puppets) d’où peut-être ce virage vers des mélodies électro, pop et des arrangements de cordes que Grian Chatten avait déjà expérimentés, profitant de la « pause » entre deux disques et de la tournée…pour publier son  premier album solo « Chaos for the fly » avec l’entêtant « Fairlies ».

Pour autant, Fontaines DC n’a pas délaissé les guitares et n’est pas devenu un groupe d’électro-pop comme on peut l’entendre sur « Here’s the thing » et « Death kink ».

« Romance », titre éponyme sombre et minimaliste, qui s’ouvre sur ces paroles : « In the darkness again », inscrit l’album dans une ambivalence constante et terriblement juste entre lumière et obscurité, en disant l’espoir d’une romance sur une bande son menaçante qui semble surgir d’un film d’horreur.

 

Après cette entrée en matière, arrive le percutant « Starbuster », qu’on avait découvert dès le printemps. Les paroles scandées  façon hip-hop et ponctuées à chaque refrain d’une respiration profonde d’asthmatique le rendent anxiogène mais complétement addictif (l’idée serait venue à Chatten suite à une crise d’angoisse à la gare de Saint-Pancras en raison du lieu, de la foule mais aussi d’une insatisfaction sur l’écriture des paroles). C’est d’ailleurs une chanson captivante, qui dit une insatisfaction profonde qui taraude beaucoup d’entre nous.

 

Quelques jours avant la sortie de l’album, le groupe a publié un dernier single, « In the modern world », sans doute l’un des plus beaux titres du disque.

Bien que les paroles poétiques de l’album soient parfois un peu hermétiques, on perçoit une tension permanente entre idéal et vision pessimiste du monde et des relations humaines comme si la romance était une fiction illusoire mais nécessaire à tous.

On retrouve la même ambivalence dans « In the modern world » :  » In the modern world, I don’t feel anything » contrebalancé par « I feel alive », « I don’t feel bad ».

Les orchestrations évoquées plus haut y ont la part belle tout comme dans les deux ballades « Sundowner » et ‘Horseness and the whatness ».

Enfin, trois titres beaucoup plus pop ponctuent ce disque, « Bug », jolie ballade accoustique, « Motorcycle boy » (référence à l’excellent « Rumble fish » de Francis Ford Coppola) et « Favourite » ( titre que n’aurait pas renié The Cure dont Chatten avoue être fan ) qui conclut l’album sur une note nostalgique.

Cet excellent disque sera bientôt disponible dans les bacs des médiathèques de Toulouse et la tournée internationale qui arrive…ne passera pas par Toulouse.