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GRÓA
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Venues des lointaines et glaciales contrées où l’on mange du poisson (en masse), où l’on se renforce les os et les muscles avec du Skyr et où l’on est probablement fier de l’enfant prodige du pays nommée Björk, GRÓA est un groupe de trois brillantes musiciennes (+1 en tournée) bien énervées.
Constitué des sœurs Hrafnhildur (batterie, choeurs) et Karólína (chant, clavier et guitare) accompagnées de leur amie d’enfance Fríða (basse, choeur), le groupe, dont le nom signifie « grandir » en français, parvient à se créer une singularité musicale impressionnante en seulement trois albums.
Mélangeant un esprit post-punk à des expérimentations art-rock voire noisy, associé à un esprit DIY revendiqué (Karólína construit ses propres instruments), leurs compositions donnent l’impression que tout peut arriver. Ici, pas de recherche de beauté musicale : on cherche surtout l’énergie et la créativité, en cassant les codes pour toujours surprendre l’auditeur.
Rien qu’avec leur deuxième album, “Í glimmerheimi” (traduit par « Dans un monde de paillettes ») sorti en 2019, on peut observer des bases déjà bien établies. Les morceaux mêlent des sonorités qui fonctionnent bien ensemble, avec une étrangeté agréable plutôt que des dissonances.
Par exemple, “Of lítil” (traduit par « Trop petit ») mixe des influences Talking Heads avec une rythmique guitare/basse/batterie efficace et groovy. Au milieu, un interlude légèrement inquiétant, avec piano, gémissements étranges, et une batterie déstructurée, évoque Sigur Rós.
Autre titre marquant, “María”, est un morceau entraînant se terminant sur une outro psychédélique grâce aux claviers et effets sonores. Et “Jetpackstelpan” (« la fille jetpack ») débute par une montée progressive au piano avant d’être rejoint par les autres instruments dans une énergie intense, pour redescendre ensuite sur la même mélodie piano.
Le deuxième album du groupe, “What I like to do” (2021), pousse encore plus loin l’écriture et la composition, explorant toujours davantage la créativité. L’inspiration peut venir d’improvisations en session ou de l’échange d’instruments entre membres. Le morceau éponyme hypnotique repose sur la répétition et bénéficie d’un clip marquant.
“Grannypants”, également basé sur la répétition, adopte un style plus expérimental, avec des voix superposées ou décalées, renforçant l’image d’une participation collective et d’un chaos organisé.
Personnellement, j’ai découvert GRÓA grâce à une incroyable performance dans les studios de la radio KEXP, où l’énergie et le talent du groupe explosent. Marta, quatrième membre en tournée, apporte une valeur ajoutée avec ses percussions déchaînées, ses solos de saxophone, et des danses improvisées.
(à retrouver ici en entier 🙂
Les précédents morceaux prennent tout leur sens en live, où la cohésion et l’ambiance bordélique maîtrisée de GRÓA sont spectaculaires.
Pour finir, le label américain FOUND a édité en CD leurs deux derniers albums, disponibles dans certaines bibliothèques comme José Cabanis. Et en juin 2024, leur nouveau single “Cranberry” montre encore un pas en avant vers une créativité enregistrée qui promet beaucoup pour la suite.
(à retrouver ici sur le bandcamp du groupe)
En résumé : un GRÓA suivre !