Quelle est l’importance de l’humour dans votre travail ?
La plus haute importance. Que ce soit pour les petits dans les histoires de Samsam par exemple, ou dans les aventures de Zouk, j’essaie de partager cette émotion, cette joie de l’esprit, cette légèreté… de faire rire ou sourire le lecteur. J’ai me suis aussi intéressé aux blagues de Toto, je les ai dessinées. Elles sont à prendre au sérieux. Elles sont un apprentissage, ont un rôle de socialisation ; on les raconte dans les cours de récréation, on les transmet, on les partage et elles nous permettent alors de nous intégrer au groupe. Mais quand je travaille pour des journaux « sérieux », les quotidiens et les magazines comme le New York Times, j’essaie aussi de mettre de l’humour : l’humour rend léger la lourdeur de certains sujets. Et puis l’humour rend libre !
Qu’est-ce qui vous fait rire ?
La liste est longue !
Mark Twain, Desproges, Shakespeare, Pierre Dac, Chaplin, Alexandre Vialatte, Reiser, Bretecher, Sempé, Chaval, Bosc, Topor, Wolinski…
Les bons jeux de mots, les traits d’esprit, les mots d’enfants.
L’humour noir ou anglais, absurde ou acide, décalé ou décapant, grinçant, léger, potache, tendre ou scatologique, mordant même macabre, intelligent ou involontaire…
Vous travaillez beaucoup pour la presse. Quelles sont les différences dans votre approche entre le dessin de presse et l’illustration d’albums pour la jeunesse ?
J’ai eu la chance de promener mon dessin dans différentes disciplines et dans différents endroits. J’ai fait du dessin de communication pour des marques de luxe ou plus grand public. J’ai exposé dans des musées, des galeries. J’ai travaillé pour des journaux, en France, en Allemagne, aux États-Unis… J’ai montré mon dessin autour du monde, dans des expositions, à Berlin, New York, Tokyo, Séoul, Genève, Pékin. J’ai fait un livre pour raconter ça La grande histoire d’un petit trait. Une vie à dessiner en s’amusant et en amusant les autres ! Mais que ce soit ici ou ailleurs, pour des adultes ou des enfants, j’essaie de faire passer un message amical, chaleureux pour faire diffuser autour de moi un peu de la fantaisie que la vie m’a donnée.
Nous avons la chance d’accueillir une de vos grandes expos, déployée dans plusieurs bibliothèques de la ville. Quel plaisir prenez-vous à concevoir des œuvres pour des lieux dédiés et aller à la rencontre de votre public ?
Ce que j’essaie de faire dans ces expositions-installations, c’est mettre les visiteurs au milieu d’histoires, d’émotions, en utilisant mon dessin et des textes que je demande à des auteurs de me confier. La vidéo, le dessin animé, la réalité augmentée sont des moyens que je me donne pour plonger les gens physiquement dans ces histoires, pour jouer avec eux et parfois qu’ils fassent partie du show. Ce que j’espère c’est que le public sorte de cette heure de visite avec le souvenir d’un moment de plaisir.
La plupart des enfants vous ont découvert avec Max et Lili. Avez-vous un album de votre création qui vous touche particulièrement et que vous souhaiteriez faire découvrir aux enfants qui vous lisent ?
J’aime beaucoup Moi, j’attends et L’ennemi, deux livres que j’ai fait avec des textes de Davide Cali. Moi, j’attends raconte la vie comme une suite d’attentes, attente du baiser le soir, de la fin de la pluie, de l’amour, des vacances avec les enfants etc. Un poème en prose pour voir la vie (pas toujours) en rose. L’ennemi est un long monologue d’un soldat oublié dans son trou et qui désespère de voir la fin de la guerre. Un texte théâtral, un livre pour la paix qui a été traduit autour du monde, en Russie, en Chine et dans bien des pays qui vivent des conflits.
J’aime aussi La grande histoire d’un petit trait qui est une fantaisie racontant d’un dessinateur et du bonheur de vivre en dessinant.
Mais j’aime aussi Samsam, Zouk et Max et Lili qui m’accompagnent depuis des dizaines d’années sans parler des livres faits avec Susie Morgenstern, ma grande amie, Une vieille histoire, La valise rose, Mon chez moi n’est plus chez moi… Et La Rue de l’Ours, un récit biographique, co-écrit avec Marie Despléchin.