Ces derniers temps, l’Angleterre nous gâte en matière de rock alternatif comme en témoigne l’actuel succès d’Idles en particulier. Dans leur foulée, d’autres groupes percent comme Shame et celui qui nous intéresse aujourd’hui : Working Men’s Club.
Originaire de Todmorden, petite ville coincée entre Leeds et Manchester dans le Yorkshire, ces derniers reprennent l’héritage parfois lourd à porter de leurs ainés, Joy Division, New Order et The Fall en proposant une musique fidèle aux valeurs de la classe ouvrière du nord de l’Angleterre : sonorités post-punk et électroniques où se mêlent lignes de basse froide et métronomique, riffs de guitare agressif et noisy, beat techno-house et plages de synthétiseur renforçant le chant sombre et mélancolique de leur (jeune!) tête pensante, Sydney Minsky-Sargean. Leur premier album éponyme sorti en 2020 avait mis la barre très, très haute avec des titres comme Valleys, Teeth et John Cooper Clarke, hommage au poète britannique et figure importante de la scène punk de Manchester de la fin des années 70.
Leur deuxième album Fear Fear confirme cet ambiance urbaine, froide et néanmoins envoûtante. Cette fois, on est dans l’époque du Madchester, ce mouvement musical de la fin des années 80 où le rock psychédélique se mêle à la house music et dont l’épicentre était l’Hacienda, club qui appartenait au label Factory. Son histoire mouvementée est racontée par Peter Hook, bassiste de Joy Division et New Order dans L’Haçienda : La meilleure façon de couler un club.
Cette orientation dance et électronique déjà présente sur le premier album est peaufinée. Sydney Minsky-Sargean s’imprègne de toutes ces influences et, à l’instar de ces ainés (Depeche Mode, Human League, Primal Scream,…), expérimente et cherche à repousser les limites du genre tant sur l’aspect sonore que visuel.
Cette orientation dance ne fait pas oublier leur côté post punk : section rythmique carrée, guitares agressives, refrains entêtants.
Plus calmes mais tout aussi sombres et hypnotisants, Widow et Circumference équilibrent l’ensemble et font de Fear Fear un album compact et cohérent.
Ce côté hypnotique est particulièrement visible sur scène et ne laisse pas indifférent comme en témoigne leurs récentes prestations aux festivals d’été de la Route du Rock à Saint Malo ou Check In Party à Guéret.