Depuis quelques semaines j’écoute en boucle un album qui mêle de façon étroite Orient et Occident, à la façon d’arabesques musicales d’une beauté renversante. Cet album c’est Amir, de Tamino, un jeune auteur-compositeur belge d’origine égyptienne à la voix de tête de contre-ténor.
L’album s’ouvre sur le très lyrique morceau Habibi qui nous projette directement dans l’univers sombre et radieux de Tamino, dont le nom de scène est emprunté au personnage de La Flûte enchantée de Mozart. Son timbre envoûtant est sublimée par un piano ivre et chancelant qui s’élève aussi haut que la voix de Tamino.
Débuter l’album par ce titre emblématique est un pari risqué qui pourrait cacher un album banal et sans intérêt. Pourtant c’est loin d’être le cas.
Les titres qui s’enchaînent sont tout aussi réussis.
So it goes, marqué par une ouverture très arabisante, Verses qui nous plonge dans une douce félicitée portée par une simple guitare et des chœurs angéliques, la mélodie hypnotisante de Sun may shine ou l’épuré Perséphone qui se suffit presque à ses seules paroles : « Yes my love, I confess to you -I am only here to break your heart in two »…
Sans oublier le très beau Indigo night qui sublime vraiment la voix de Tamino répondant tout du long à une pulsation organique, presque animale.
Mon énorme coup de cœur va au titre Cigar, où on croit entendre Leonard Cohen qui se serait incarné en un nouveau Jeff Buckley, à la fois caressant et dandy décadent un rien désabusé. Le clip associé au morceau est une totale réussite, on ne sait pas qui de l’image ou de la musique est au service de l’autre. Il met en scène un squelette dont on suit les déambulations et qui se veut une interprétation personnelle des vanités.
Les vanités, ces représentations artistiques allégoriques, qui nous rappellent en grimaçant que nous sommes mortels et mettent l’accent sur la vacuité des activités humaines. C’est perturbant, troublant et fascinant à la fois. Une merveille de romantisme sombre.
Un seul conseil, écoutez Tamino, tombez en amoureux et laissez vous happer par son univers fantasmagorique, pour un temps ou pour longtemps…