Qu’est ce qu’un groupe comme Metallica pourrait proposer de neuf aujourd’hui ? Pilier de la scène Speed Metal underground californienne et fondateur du Thrash dans les années 80, groupe mainstream au succès mondial depuis le « Black Album « en 1991, nouvelle orientation musical et visuelle (les albums Load et Reload), baisse de popularité avec l’affaire Naspter et grave crise d’identité lors de l’enregistrement de Saint Anger (cf. le documentaire Some Kind Of Monster). Les Californiens sont considérés comme le plus grand groupe de Metal du monde et sont désormais une marque commerciale. 72 Seasons, seulement onzième album studio en 40 ans de carrière, signe leur retour depuis Hardwired… to Self-Destruct sorti en 2016.
Premier constat : on est dans la lignée de celui-ci. Ca démarre très fort avec le titre éponyme où l’on retrouve ce qui a toujours fait la force du groupe : riffs tranchants, rythmique de bulldozers, refrains accrocheurs et changement de tempos.
C’est brut, rapide, carré et efficace et ça devrait ouvrir les shows de la tournée à venir.
Lux Aeterna est du même acabit avec un refrain assez rock’n roll et renoue avec le côté Garage qui a longtemps fait la force du groupe surtout dans cette version live dans le Howard Stern Show.
Le tempo ralentit avec un Shadows Follow dont la rythmique pousse franchement à headbanger.
Le lourd, le lent, l’oppressant You Must Burn ! ; une rythmique digne de Sad But True, une ambiance à la Black Sabbath avec un pont comportant des choeurs type Alice In Chains. Voila qui est intéressant et qui décloisonne le genre metal.
If Darkness Had A Son est surement le titre le plus introspectif où les thèmes récurrents de James Hetfield : le désespoir, la violence, la mort ou la justice sont mis en avant par une longue introduction composé d’un riff entêtant et d’un refrain qui laisse exploser sa rage.
Chef d’oeuvre ? Non. Si l’ensemble ne manque pas d’énergie, on a le sentiment d’être en territoire connu à l’instar d’AC/DC et de Motörhead mais pas plus. Après 40 ans de carrière, s’attendre à un nouveau Master Of Puppets ou « Black Album » n’est pas réaliste. Les points négatifs : le son de la basse est une nouvelle fois pas assez présent à l’exception de l’intro de Sleepkwalk My Life Away. L’absence de son clean dont l’alternance avec la distorsion a été la signatures de grands morceaux du groupe : Fade To Black, One, The Unforgiven, The Day That Never Comes. Bref c’est un peu linéaire. mais cela rappelle aussi Kill’em All, leur premier album qui annonçait l’apocalypse en 1983 pour les 40 années à venir. Une bien belle perspective.
Autre problème : 77 minutes. C’est bien trop long. Personne n’a assez de temps pour écouter l’album d’une traite comme les albums de leurs débuts. On finit par s’y perdre.
Alors, bilan? 72 Seasons comme ses 2 prédécesseurs : Death Magnetic et Hardwired… to Self-Destruct est dans la moyenne. Meilleur que Load, Reload et Saint-Anger, mais en deçà des 5 premiers albums qui ont forgé le groupe et même le metal. Un album correct pour une institution ou une marque après 40 ans de carrière, ce n’est déjà pas si mal.