Gwendoline, drôle de nom pour un groupe de rock qui balance entre tous les genres musicaux en wave : new, cold ou schlag selon leurs dires. Et c’est qui d’abord cette Gwendoline ? : « Une fille pas très sympa à l’école », OK le ton de l’auto dérision est posée d’emblée.
Gwendoline est donc un duo breton légèrement déjanté et désenchanté qui considère « la loose comme un acquis social », sympathique philosophie !
Composé de Pierre Barrett et Mickaël Olivette, désormais signés chez Born Bad Records, Gwendoline a sorti en début d’année 2024 son deuxième album « C’est à moi ça », toujours dans la lignée de leur premier disque « Après c’est gobelet » qui jetait à la face de l’Hexagone des rythmes froids et lancinants labourés par les sarcasmes de leurs textes.
Parce que Gwendoline c’est ça, le paradoxe de la cold-wave à la Joy Division qui souligne avec froideur la médiocrité du monde. On oscille entre les emmerdes du quotidien, une morosité du quotidien travestie en horizon désirable par les diktats de la société et une analyse sans complaisance du culte de la croissance économique, personnelle ou générationnelle.
Ce qui interpelle chez Gwendoline c’est la façon froide et lucide de tirer le constat d’un monde de plus en plus bas du front. Il n’y a pas de perspective dans leurs textes juste un état des lieux des vicissitudes contemporaines. Leur premier opus était en ce sens plus potache, ici le cynisme transpire dernière chaque phrase, on est pas dupe et on le dit.
Les deux membres du groupe décrivent d’ailleurs le morceau d’ouverture de l’album, intelligemment intitulé « Conspire » de la sorte : «Synthés stridents, voix graves, guitares cold-wave et kick qui martèle, le morceau nous plonge dans six minutes de tension. Inventaire glauque et passage en revue des déboires d’une humanité kamikaze qui semble foncer tout droit vers la catastrophe. Comme le pas des bottes qui s’amplifie, des éléments s’ajoutent peu à peu derrière les voix jusqu’à l’explosion. En boucle est alors répété ‘Car ce monde est génial’, triste slogan, sorte de miroir ironique d’une société déjà morte. » Tout est dit !
Un tel discours pourrait paraître un peu chiant et convenu de premier abord, mais leur art de la punchline et des refrains entêtants soutient cet humour noir et sans compromis qui est leur marque de fabrique : «C’est un cri sans revendication, on ne propose pas de solution. On constate et on en rit ensemble, ça fait du bien», avance Mickaël Olivette.
Gwendoline c’est aussi un parlé chanté qui a connu son apogée avec le collectif Fauve, sauf qu’on est pas vraiment sur le même champ lexical… L’inspiration de Gwendoline vient des chroniques de leurs défaites, c’est violent, désespéré et foutrement réconfortant aussi. Comme si les endroits les plus glauques pouvaient devenir des lieux chaleureux pour tous les paumés de la Terre, leitmotiv entamé dès leur premier album avec le légendaire « Chevalier Ricard ».
Gwendoline c’est donc un groupe de rock français qui donne envie d’aimer son compagnon de galère, de le retrouver au bistrot et de se reconnaître dans l’adversité en hurlant comme un seul homme la haine de la start-up nation. Alors si toi aussi tu as l’impression d’être devenu une « Piňata », fonce écouter « C’est à moi ça » !