« Hé toi/Qu’est-ce que tu regardes ?/ T’as jamais vu une femme qui se bat ? », « Prends garde sous mon sein la grenade », c’est avec cette invective que s’ouvre le premier album de Clara Luciani. Son morceau « La Grenade » est un hymne absolu à la féminité, au combat quotidien des femmes, sans pathos, sans apitoiement mais avec une rage non contenue. C’est un mantra à se répéter en boucle tous les jours pour devenir une guerrière moderne.
Ce titre ouvre l’album « Sainte Victoire » dont le nom fait référence à la célèbre montagne peinte par Cézanne, région dont elle est originaire.
Après des débuts prometteurs au sein du groupe « La Femme », Clara vole aujourd’hui de ses propres ailes avec un album aussi féministe engagé qu’intimiste qui n’est pas sans rappelé des interprètes de la trempe de Nico ou Françoise Hardy.
Cet album est résolument moderne de par ses sonorités rock et grâce à ses textes engagés. Le titre « Drôle d’époque » est un pamphlet contre, ou pour peut-être, la femme d’aujourd’hui. Femme qui se doit d’être à la fois une mère, une amante, bienveillante et travailleuse mais sexy et disponible… Et Clara nous clame haut et fort qu’elle n’a pas les épaules pour être tout ça à la fois. Alors même si on le sait, franchement ça fait du bien à entendre !
Comme elle le dit elle-même « J’avais envie qu’on entende à quel point ce sont des chansons de femmes, écrites par une femme ».
Cet album est un joyeux mélange de chanson française et de pop-rock, les morceaux s’enchaînent et alternent entre mélancolie désabusée, invectives musclées, déprime dansante pour se finir par le dernier morceau éponyme de l’album sur une explosion musicale.
Point commun de ces onze chansons ? Un ton toujours juste avec des textes poétiques qui expriment les interrogations d’une femme de son époque dévorée par un extraordinaire appétit de vie.