Sur fond de musique intrigante qui renouvelle le genre d’une soul électro planante, la voix se fait énigmatique, non genrée. Au point de se demander qui chante. Une femme, un homme, une chorale gospel ? Tout à la fois mais rien que l’on ne reconnaisse non plus. L’univers de Canine est un mystère à lui tout seul.
La musique de Canine, supportée par des clips à l’esthétique léchée, est totalement mystique. Un collectif de femmes mené par la chanteuse Magali Cotta qui conduit son sabbat de sorcières modernes d’une main de maître. Elle a commencé par chanter masquée derrière un sublime apparat de plumes noires avant de finalement tomber le masque pour expliquer les méandres de son art.
Lors d’une interview donnée à France Culture, Magali explique qu’elle défend une musique qui passe par les sens et les sensations. Pari gagné puisque les morceaux que l’on retrouve sur le premier disque de Canine, « Dune », explorent des contrées mystérieuses rendues plurielles par la force de ce chœur de femmes qui dans leurs différences forment un être hybride en écho aux nuances polychromatiques de la voix de Magali.
Le nom du groupe peut aussi revêtir tout autant de significations différentes, le rapport à la meute de louves, l’animalité, le tranchant d’une dent. Cet album est réellement une superbe découverte, probablement mon coup de cœur de l’année qui se termine. Déjà parce que l’ensemble est totalement hypnotique est addictif mais aussi parce que mettre le collectif au service d’un art renouvelé est une prouesse à l’heure d’une époque à l’individualisme exacerbé.