Un simple monticule de prairie, divisée en deux tons de couleurs fadasses : la pochette de Provenance de Björn Meyer a la sobriété des signatures ECM. D’ailleurs, l’instrumentation l’est aussi : une guitare basse à six cordes et une guitare basse acoustique, jouées par le même Björn Meyer. L’herbe est plus grise que verte et a l’air un peu sèche, mais une fois le casque sur les oreilles, on a quand même envie de s’y allonger : la musique minimaliste et atmosphérique du Suédois est parfaite pour accompagner une retraite dans une parenthèse temporelle à l’abri du fracas du monde. Si la musique est apaisante et propice à la contemplation du défilé des nuages, l’ennui n’est pourtant jamais au rendez-vous. Et des titres comme « Squizzle » ou « Dance » sont suffisamment enlevés pour créer des pauses dans la pause.
Björn Meyer a beaucoup joué avec l’oudiste Anouar Brahem et le pianiste Nik Bärtsch, tous deux également publiés chez ECM.
Les amateurs et amatrices de guitare basse auront peut-être également découvert le groove de la jeune Kinga Glyk, qui s’est fait connaître par une reprise de « Tears in heaven » de Clapton et qui a sorti en octobre 2017 Dream, un album jazz remarqué, à l’instrumentation plus traditionnelle (basse-batterie-piano-saxo), témoin de sa maitrise et de ses talents de compositrice.
Voilà de quoi porter la guitare basse vers les hauteurs du jazz, et depuis la butte élargir ses horizons musicaux.